Les pompiers sont en grève depuis le 26 juin dans toute la France. Même si cela ne se voit pas sur le terrain, car comme la plupart des professionnels liés au secours, ils sont réquisitionnés. Les soldats du feu demandent notamment une revalorisation de leur salaire et des effectifs supplémentaires.
Depuis presque deux mois, les sapeurs-pompiers se sont mis en grève à l'appel de sept des neuf syndicats de pompiers professionnels, qui représentent 85% des 40.000 pompiers professionnels de France. Une grève invisible au quotidien, car ils ont une obligation de service minimum, et des personnels sont réquisitionnés pour assurer les interventions. Sullivan Mootooveeren, vice-président de la FASPP-PATS 67 (syndicat autonome) et pompiers à la caserne de Strasbourg-Sud, nous explique les raisons de ce mouvement national. Le Bas-Rhin compte environ 650 pompiers professionnels et 4.500 volontaires.
La revalorisation de la prime de feu
"La prime de feu n'a pas été revalorisée depuis 1990. Nous attendons qu'elle soit indexée comme la prime de risque des policiers à 28%, au lieu de 19%, pour prendre en compte le caractère dangereux et à risque de notre métier. Par les temps qui courent, nos politiques nationales sont prompts à valoriser le métier en évoquant notamment les feux de forêt, mais par contre, quand il s'agit de mettre la main à la poche pour nous aider, pour lier les mots aux actes, il n'y a plus rien".La dangerosité de la profession
"La dangerosité du métier a toujours existé. Mais les moyens scientifiques actuels nous ont permis de comprendre beaucoup plus de choses sur la toxicité des fumées. Surtout par les matériaux de construction utilisés dans les maisons d'habitation. Les normes, pour faire en sorte que les maisons soient plus étanches, impliquent des matériaux dont la toxicité est beaucoup plus importante quand ils brûlent."Les sapeur-pompiers sont directement affectés, notamment lors d'interventions sur feu. Leurs équipements de protection individuels sont souillés par ces substances chimiques qui s'y emmagasinent. Et lors des retours d'intervention, les pompiers les respirent encore. Bien plus tard, quand ils sont à la retraite, on retrouve des pompiers victimes de cancers qui ne sont pas reconnus comme des maladies profesionnelles. Et ce qui se rajoute aujourd'hui en plus, ce sont les agressions. On a une augmentation exponentielle de l'ordre de 17% sur un an".
Une augmentation des salaires
"Certains pompiers du Bas-Rhin sont en garde 24 heures mais ne sont rémunérés que sur 17 heures. L'employeur estimant que le reste des heures représente des heures de veille alors qu'on est en caserne. On demande simplement le respect de la directive européenne de 2003 qui définit le temps de travail."Plus d'effectifs
"Entre 2017 et 2018, ce sont 30.000 interventions de plus, dans le Bas-Rhin, par rapport à 2016-2017, sans embauche. Aujourd'hui, il y a une politique de recrutement qui s'avère être le strict minimum pour pouvoir continuer, alors que le nombre d'interventions continue d'augmenter. Des interventions en hausse de 30% en un an dans le département liées notamment aux carences des moyens privés et de la sur-sollicitation du Samu vers les pompiers.""Au niveau local, le président du conseil d'administration du service départemental d'incendie et de secours consent à faire des efforts, mais comme on coupe les vivres au niveau de l'Etat, il ne peut pas faire plus que les dotations dont il dispose. "